ATTRACTIVITÉ – Pour attirer les étrangers, le pays méditerranéen a mis en place une imposition particulièrement attrayante pour les retraités européens, et notamment français.
La Grèce lorgne avec envie du côté de la France. Dans son viseur, les retraités. Dotés d’un important pouvoir d’achat, ils peuvent, depuis juillet 2020, bénéficier d’un taux d’imposition attractif s’ils posent leurs valises dans le pays méditerranéen.Cette année-là, le pays a voté une nouvelle loi instaurant un dispositif fiscal réduit pour les retraités étrangers, fixé à 7%. Un avantage qui ne concerne que les revenus en provenance de l’extérieur du pays – comme les pensions versées depuis la France – et reste valable pendant 15 ans.
Pour ce faire, le retraité – qui doit être européen – n’a pas besoin de devenir propriétaire. Il doit néanmoins devenir résident fiscal grec et ne pas l’avoir été durant 5 des 6 dernières années. Il doit également provenir d’un pays ayant signé une convention fiscale avec la Grèce, ce qui est le cas de la France.Paris continuera toutefois de percevoir une part non négligeable du gâteau que représentent ses retraités exilés : les revenus issus de l’immobilier seront toujours taxés par la France, même en cas de départ d’un contribuable pour la Grèce. C’est le cas aussi, pour les plus aisés, de l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI).
La fin des prélèvements sociaux pour les retraités exilés
En revanche, l’exil au soleil ne sera plus synonyme d’affiliation à la sécurité sociale française. Dès lors, les nouveaux résidents grecs n’auront plus à s’acquitter de la Contribution sociale généralisée (CSG) ni de la Contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS).Pour Le Figaro, Me Marie-Hélène Pero, notaire à Chevreuse et membre du groupe Monassier, souligne que les retraités “continueront toutefois à s’acquitter du prélèvement de solidarité, au taux de 7,5 % s’ils choisissent de cotiser à la Caisse des Français de l’étranger, une forme de Sécurité sociale des expatriés.” Une démarche “conseillée pour les retraités”.
“Des nouveaux revenus bienvenus” pour la Grèce
Avec cette stratégie de séduction, Athènes concurrence l’Italie, où le taux d’imposition pour les retraités étrangers est également de 7%, mais qui exige qu’ils s’installent dans des petites villes ou villages du sud du pays. Dans le même temps, le Portugal, longtemps considérés comme un Eldorado pour seniors, avec un taux d’imposition à 0%, l’a relevé à 10% en mars 2021 pour les nouveaux arrivants.Économiste et ancienne députée grecque, Elena Panaritis commente pour TF1, dans la vidéo en tête de cet article, la tactique d’Athènes : “On a eu 10 ans d’une crise économique très violente, avec une explosion de la pauvreté. Alors, ces nouveaux revenus sont particulièrement les bienvenus”.
Le coût de la vie est 30% moins élevé en Grèce
Claude, tout jeune retraité français installé en Grèce, explique avoir “cotisé pendant 44 ans”. “J’ai payé beaucoup et je dis stop. J’ai le droit à être un peu heureux face à ce paysage exceptionnel”, juge-t-il aujourd’hui. Il a d’ailleurs fait ses calculs : son exil lui “permet de gagner 350 euros tous les mois”. Sans compter que le prix de la vie est bien moindre dans son pays d’accueil : -30% par rapport à la France. À titre d’exemple, le Smic local se situe aux alentours de 750 euros mensuels, contre plus de 1500 en France.
Côté immobilier, l’attractivité est, là encore, au rendez-vous : à 2000 euros le prix du mètre carré, Athènes reste l’une des capitales européennes les plus abordables. Manos Muarrawi, agent immobilier chez Marking Property dans la capitale grecque, abonde : “Évidemment qu’aujourd’hui, pour les Français, c’est une bonne période pour investir, parce que les prix ne sont toujours pas revenus au niveau de 2008”, début de la crise de la dette économique grecque.Le pays lorgne aussi du côté des grandes fortunes étrangères. Par exemple, depuis 2019, si elles investissent au moins 500.000 euros dans l’économie grecque, elles ne sont imposées, sur tous leurs avoirs, qu’au taux forfaire de 100.000 euros.