Cette éruption cutanée, localisée sur un seul côté du corps, est souvent douloureuse. Plus le traitement est pris tôt, plus il sera efficace. Le point avec le Dr Isabelle Rousseaux, dermatologue.
C’était il y a deux ans, mais Muriel, 57 ans aujourd’hui, se souvient encore de la douleur qu’elle a ressentie pendant son zona : « Une hypersensibilité de la peau sur le flanc droit, qui s’ est rapidement transformée en une sensation de brûlure, puis en une douleur diffuse semblable à un arc électrique, qui me coupait le souffle par moments. » On pourrait croire à la varicelle tant ces vésicules en bouquets, remplies de liquide, y ressemblent. « Mais elles s’accompagnent aussi de douleurs souvent intenses, de sensations de brûlures, quelquefois de démangeaisons et de fièvre,précise le Dr Isabelle Rousseaux. Et surtout, elles sont localisées sur un seul côté du corps, sur le parcours d’un nerf. »
Comment le diagnostiquer ?
En général, tout commence par quatre ou cinq petits boutons rouges sur le thorax ou les lombaires, le bas de l’abdomen, le cou… Le lendemain, ils sont plus nombreux et des plaques rouges apparaissent avec les premières vésicules. Plus rarement, des douleurs violentes et lancinantes touchent le front et un œil, annonçant un zona ophtalmique, particulièrement douloureux. Dès l’apparition des lésions cutanées, consultez sans tarder pour commencer le traitement aussi rapidement que possible.
La réactivation d’un virus
Le zona est provoqué par la réactivation du virus varicelle-zona (VZV) qui, depuis votre varicelle (quelquefois passée inaperçue), était resté endormi dans votre organisme. Il survient donc toujours chez une personne qui a déjà eu la varicelle. Il se manifeste subitement à l’occasion d’un stress, d’un choc émotif, à l’instar de Muriel qui sortait tout juste d’un burn-out et venait de se fracturer une cheville. Ensuite, le virus remonte le long des fibres nerveuses jusqu’à la peau. Une personne sur quatre aura ainsi un zona dans sa vie, en général après la cinquantaine.
Parfois, des douleurs résiduelles
Le traitement doit être mis en place dès les premiers signes pour une efficacité optimale. Un médicament antiviral (aciclovir, famciclovir, valaciclovir) associé à un antiseptique et à des antalgiques (paracétamol), si besoin à des morphiniques, suffit en général. Le médecin conseillera aussi à son patient de faire sa toilette avec un savon neutre ou surgras et de porter uniquement des vêtements en coton sur la zone lésée. « Dès le début de l’éruption, deux séances d’ exposition (dix minutes chacune) à des LED rouges seront très efficaces pour diminuer l’inflammation, accélérer la cicatrisation et prévenir les douleurs »,assure la dermatologue. Au bout de cinq à sept jours, les vésicules sèchent et forment des croûtes dont certaines peuvent laisser des cicatrices.
Près de 90 % des zonas guérissent en trois semaines, sans séquelles. Mais, dans 10 % des cas, des douleurs neurologiques persistent des semaines, des mois, voire des années après la guérison de l’éruption cutanée. Ces complications, qui se manifestent par intermittence ou de façon continue, s’observent le plus souvent chez des personnes de plus de 70 ans dont l’infection a été sévère et les douleurs intenses pendant la phase aiguë. Le médecin pourra alors être amené à leur prescrire des antiépileptiques, des antidépresseurs ou des patchs anesthésiques locaux. Une consultation dans une unité hospitalière consacrée à la douleur permettra aussi au malade d’apprendre des techniques complémentaires, comme la relaxation ou l’hypnose, afin de mieux combattre les douleurs, mais aussi l’anxiété et le stress, qui sont des facteurs aggravants.
UN VACCIN en prévention
Depuis 2015, un vaccin contre le zona (Zostavax) est disponible en France. L’objectif : prévenir de possibles complications graves telles que des douleurs neurologiques qui persistent plusieurs mois, voire plusieurs années après la cicatrisation du zona, ou encore la perte de vision après un zona ophtalmique. Pris en charge à 30 % par l’Assurance maladie, il est recommandé chez tous les adultes âgés de 65 à 74 ans révolus avec des antécédents de varicelle. « Composé de virus vivants atténués, ce vaccin est cependant contre-indiqué en cas de cancer ou de maladie immunitaire »,précise le Dr Rousseaux.