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Infarctus du myocarde : reconnaitre les signes, bien réagir, les traitements

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Qu’est-ce qu’un infarctus du myocarde ?

Le myocarde est le muscle du cœur qui assure la circulation du sang dans l’organisme. “L’infarctus du myocarde correspond à la souffrance puis à la mort d’une partie du muscle cardiaque, la plupart du temps causée par l’occlusion d’un des vaisseaux sanguins qui le nourrit et lui apporte de l’oxygène. L’artère coronaire bouchée ne peut plus amener l’oxygène normalement au muscle, qui s’arrête de fonctionner, puis meurt au bout de quelques heures si l’artère n’est pas débouchée”, explique la cardiologue au CHRU de Lille, Marjorie Richardson, contactée par Top Santé. “L’infarctus est fréquent, il représente 1/3 des causes de décès cardio-vasculaires, qui sont la 2e causes de mortalité en France”, poursuit la spécialiste.

Quelles sont les différentes causes d’un infarctus du myocarde ?

“La cause de loin la plus commune est la formation d’un caillot au niveau d’une plaque de cholestérol située sur la paroi du vaisseau”, précise le médecin. Ces plaques d’athérome sont notamment constituées de cholestérol, se forment le long des parois des artères. Lorsqu’elles se rompent, cela forme un caillot qui peut boucher une artère du cœur.

D’autres causes, beaucoup plus rares, peuvent aussi être responsable d’une artère coronaire bouchée :

  • un spasme : mauvaise irrigation du myocarde
  • une dissection : déchirement de la paroi du vaisseau
  • un caillot formé ailleurs qui suivrait la circulation sanguine avant de boucher une artère coronaire

Quels sont les facteurs de risques ?

“Tabagisme, hypercholestérolémie, diabète, hypertension artérielle, obésité et sédentarité accroissent le risque d’athérome et donc d’infarctus du myocarde”, informe la cardiologue.

Quelles sont les personnes à risque ? “Les personnes les plus à risque sont les hommes, notamment en cas d’antécédents personnel ou familial d’infarctus, le risque augmentant avec l’âge”, note Marjorie Richardson.

Selon notre experte, les hommes ont trois fois plus de risque de subir un infarctus du myocarde. “Mais les femmes sont néanmoins à risque, notamment lorsqu’elles fument, et leurs symptômes sont plus souvent négligés ou sous-estimés”, pointe la cardiologue. Ainsi, chez la femme, selon des chiffres publiés en 2016 par l’Institut de veille sanitaire, entre 2008 et 2013, le nombre de femmes de moins de 65 ans victimes d’une crise cardiaque a augmenté de près de 5 % par an.

Lire aussi : infarctus chez les femmes, les signes à connaître.

Quels sont les signes typiques et symptômes de l’infarctus du myocarde ?

“Le signe typique est la douleur dans la poitrine, souvent très intense, classiquement prolongée – supérieure à 30 min-, au repos et irradiant parfois dans le bras gauche ou la mâchoire. Elle est souvent accompagnée de sueurs, d’une pâleur, parfois d’une sensation de mort imminente”, énumère Marjorie Richardson.

Souvent très douloureux, l’infarctus du myocarde peut toutefois ne pas l’être du tout. Ainsi, selon l’Inserm, un quart des infarctus du myocarde ne présentent pas ces signes typiques. On parle alors d’infarctus atypique, qu’on observe “notamment chez les diabétiques, les patients âgés, et également les femmes, avec parfois une simple oppression thoracique, un essoufflement, ou encore des signes digestifs (douleurs abdominales, nausées)”, précise notre experte.

Quels sont les signes avant-coureurs ?

“Il n’y a pas toujours de signe avant-coureurs, et le premier infarctus peut être un coup de tonnerre dans un ciel tranquille”, illustre la cardiologue.

Néanmoins, on peut retrouver des signes avant-coureurs tels que :

  • des douleurs dans la poitrine et du même type à l’effort, plus brèves et moins fortes.
  • un essoufflement récent
  • des douleurs abdominales rythmées par l’effort

Qu’appelle-t-on un infarctus silencieux ? Comment le reconnaître ?

Atypique, un infarctus du myocarde peut être dit silencieux. “Il s’agit d’un infarctus passé inaperçu, car le patient n’a pas ressenti les symptômes, qui ont parfois été atypiques. Parfois le patient les a simplement négligés, pour diverses raisons”, ajoute le Dr. Richardson. Dans ce cas, l’infarctus du myocarde est souvent diagnostiqué à posteriori lors d’une complication secondaire. “Mais aussi parfois de façon fortuite sur un examen systématique”, précise-t-elle encore.

Selon notre experte, la prise en charge de ces cas est plus difficile “car les séquelles sont en général installées”.

Quels sont les bons gestes pour le patient et son entourage en cas d’infarctus ?

Il est impératif de contacter le 15 dès l’apparition des symptômes. “Le pronostic vital dépend de la rapidité de prise en charge : plus vite le vaisseau est débouché, plus petites seront les séquelles et les complications. Le délai de prise en charge est central : il faut convaincre les personnes et leur entourage d’appeler, de ne pas attendre que la douleur passe, il est souvent trop tard”, répète le Dr. Richardson. Le patient sera acheminé en urgence vers le service de soins intensifs le plus proche.

Comment un infarctus du myocarde est-il diagnostiqué ?

“C’est l’interrogatoire notamment sur le terrain et les caractéristiques de la douleur”, qui permettent de poser le diagnostic.

Plusieurs examens permettent de le confirmer:

  • L’électrocardiogramme (ECG)
  • Le dosage des enzymes cardiaques (troponine)
  • Une échographie cardiaque

Quelle prise en charge au moment de l’infarctus et dans les jours et semaines qui suivent ?

Il est vital de déboucher l’artère le plus rapidement possible, “idéalement dans les 2h, au maximum dans les 6h à 12h”.

Pour cela, le patient subit une coronarographie, un examen qui permet de visualiser les artères coronaires, d’identifier l’artère bouchée, et de réaliser une angioplastie afin de rétablir la circulation dans l’artère mise en cause.

“Parfois, lorsque le SAMU est trop loin d’un centre de cardiologie proposant ce type de prise en charge, et que le temps de transport risque d’être trop long, le médecin du SAMU va essayer de déboucher l’artère grâce à un médicament administré en intra-veineux (thrombolyse) qui va fluidifier le sang. L’objectif est de tenter de faire disparaître le caillot sanguin en attendant la coronarographie”, explique la cardiologue.

“Les suites et la durée d’hospitalisation vont dépendre de l’importance de la séquelle d’infarctus, qui est très variable en fonction de la rapidité de prise en charge initiale”, ajoute-t-elle.

Le suivi médical sera régulier l’année qui suivra l’infarctus, puis pourra être allégé si le rétablissement du patient est satisfaisant. Un traitement médicamenteux devra néanmoins être observé et sera “la plupart du temps à prendre à vie”.

Une réadaptation cardiovasculaire est également fortement conseillée. L’objectif est d’aider les patients à récupérer, de les encourager à pratiquer une activité physique régulière, d’éduquer les patients sur leur traitement et les signes d’appel, ce qui permettra de prévenir les récidives. La réadaptation va apporter également une aide psychologique, et permettre aux patients de regagner confiance en eux, et de reprendre une vie personnelle et professionnelle la plus normale possible.

Quelle évolution après un infarctus ?

“Il existe toujours un risque important de complications, voire de décès à la phase aiguë, en fonction notamment de la rapidité de la prise en charge qui va permettre de déboucher l’artère, de la taille du vaisseau bouché, et du terrain du patient (âge, antécédents…)”, précise notre experte.

Selon l’Inserm, 80 000 patients par an en France subissent un infarctus du myocarde. Il serait mortel dans l’heure chez un patient sur 10 et le taux de mortalité dans l’année qui suit s’élève à 15 %, toujours selon l’Institut médical de santé.

Quelles séquelles et complications ?

Les conséquences d’un infarctus du myocarde dépendront du temps écoulé avant le débouchage de l’artère et de l’étendue et de la localisation de la zone endommagée.

Le risque de récidive serait quatre à six mois fois supérieur à la population générale.

Autres séquelles:

Quelle prévention contre l’infarctus du myocarde ?

Prédisposition familiale, âge et sexe sont bien sûr des facteurs de risques sur lesquels il n’est pas possible d’agir, mais les autres sont évitables. Ainsi Marjorie Richardson recommande :

  • d’interrompre l’intoxication tabagique
  • de traiter précocement une hypertension
  • d’adapter son alimentation et de perdre du poids pour traiter un éventuel diabète
  • de corriger une hypercholestérolémie par un régime voire un traitement

L’hygiène de vie, notamment alimentaire, est également primordiale dans la prévention des maladies cardiaques. Voici quelques règles à suivre :

  • consommer des fruits et légumes
  • diminuer sa consommation de viandes en privilégiant le poisson
  • préférer les graisses végétales crues que les graisses animales cuites
  • éviter les boissons sucrées, le sucre et les aliments transformés
  • pratiquer une activité physique régulière adaptée
  • conserver une bonne hygiène dentaire

“Il est également très important de bien prendre ses traitements”, conclut la cardiologue.

Source : interview Dr. Marjorie Richardson, cardiologue au CHRU de Lille (août 2021)

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